L’histoire du linge brodé est intimement liée aux tissus. La culture et l’utilisation du lin sont avérées dès l’Antiquité. Le lin, matière première naturelle a donné son nom au linge.
On va nommer damas tout tissu tissé dans lequel les dessins ne sont sont pas façonnés par des couleurs distinctes mais par une nature de brillance des fils. Dès lors on trouvera des damas en soie, en coton, en lin…matière qui va nous préoccuper largement pour le linge de maison.Le lin est une fibre à la fois naturelle, solide et dotée de brillant. Sa culture est déjà attestée en Gaule, on sait que les romains utilisaient le lin pour les voiles de leurs navires.
Charlemagne a joué un rôle important dans le développement de la culture linière en ordonnant dès 789 le filage de cette mat!ère à la cour et en encourageant l’outillage pour le filer dans toute les terres relevant de son autorité.
C’est ainsi que le lin devient la fibre la plus utilisé dans le royaume de France, elle est cultivée principalement en Bretagne, Picardie et en Flandres. De grandes villes comme Reims, Arras ou Cambrai sont réputées pour le tissage du lin. Bruges s’enorgueillit du titre de capitale filière pendant plusieurs siècle.
La culture du lin n’est cependant pas facile et les nombreuses étapes nécessaires à sa transformation en fibre n’en font pas une matière bon marché mais en revanche robuste et solide qui ne se déforme pas : culture, arrachage, rouissage teillage, peignage, filature, tissage sont autant d’étapes pour obtenir une étoffe.
On retiendra que la célèbre tapisserie de Bayeux (1077) de la Reine Mathilde est en lin.
La culture et le développement du lin sont intimement liés à l’histoire de la mode. Un vêtement en lin est est beaucoup plus résistant qu’en coton autre fibre naturelle. Il possède des propriétés thermiques, il reste frais sous les hautes températures en absorbant l’humidité, c’est grâce à toutes ses qualités qu’il est devenu incontournable dans toutes les créations textiles.
Louis XIV qui adopte la chemise de corps en lin sous le vêtement favorise son développement dans le royaume. La mode de l’époque est aux nombreuses découpes laissant apparaître de fines broderies sur les chemises et les volants sous les vestes et les corsets. Mais c’est aussi sous son règne que la révocation de l’édit de Nantes provoque la fuite de nombreux huguenots et ainsi la disparition de quelques milliers de tisserands et denteliers. Cette hémorragie a provoqué le ralentissement de cette production d’une grande qualité et finesse. Si la production est ralentie, elle perdure et l’apparition de la crinoline au XVIII ème siècle dont la structure est composée de de lin et de crin de cheval va continuer à soutenir la production de cette fibre. les chaînes de tous les tissus sont toujours en lin afin d’en assurer leur solidité.
C’est dans le Cambrésis réputé pour son tissage comme nous l’avons évoqué plus haut que Jean-Baptiste de Cambrai met au point une technique qui permettra de produire une toile de lin d’une grande finesse : « la Batiste ». Cette toile qui allie finesse et qualité sera utilisée pour réaliser du linge de table, de maison des caracos, des brassières, du linge de corps .
Le XIXème siècle voit aussi les inventions faciliter le tissage du lin avec l’invention du métier à tisser Jacquard par le tisserand en 1801 par Joseph-Marie Jacquard. Un ouvrier peut désormais soulever seul un métier à tisser.
Pendant la grande guerre, François Girard dépose un brevet pour la filature du lin, c’est lui qui invente la première machine à peigner le lin.
Aujourd’hui, la Normandie produit 80 % du lin en France qui est le premier producteur mondial. la majorité de la production l’est à des fins textiles.